mardi, août 01, 2006

Episode IV : Le virus d'Haïti

Après trois longues semaines d’absence, revoici, pour toi, cher lecteur assidu, la suite de ces aventures tropicales.

Comment faire tenir en si peu de lignes le récit extraordinaire de ces trois dernières semaines ?

Commençons par le dîner du 14 juillet à l’ambassade de France. Malgré l’absence remarquée de Ferrero Rochers, la réception fut une réussite. Monsieur l’ambassadeur n’avait pas lésiné sur les moyens pour fêter nos deux héros : fromage made in france, vin pas chilien, champagne à volonté… Tout cela dans le cadre très luxueux de la maison de l’ambassadeur, une des plus grosses propriétés de la ville, ça fait plaisir de voir que nos impôts servent à quelque chose d’utile. La soirée se passe bien, chacun y va de son petit discours. Monsieur l’ambassadeur congratule nos jeunes aventuriers pour leurs services rendus à la nation, ils dédicacent des t-shirt à leur effigie pour les enfants. Il règne un parfum de Jet Set dans l’assemblée, petit four, piscine et surtout une magnifique sculpture en jambon. Le traiteur a en effet eu le très bon gout de constituer une robe de mariée en tranches de jambon à une petite poupée en plastique. Un petit diadème en pelure d’oignon rend le résultat d’autant plus appétissant.

A part ce détail kitch, le bon goût et la classe sont de rigueur. Nos jeunes amis font la fermeture de la réception, un peu poussés vers la sortie par les gardes du corps pressés d’aller se coucher.

Deux longues semaines à Port-au-Prince suivront cette soirée endiablée. C’est l’occasion pour Fabiàn et Julien de découvrir les charmes de Port-au-Prince. Un événement majeur à signaler toutefois : la première soirée Konpa…

Il y a des gens qui restent des années en Haïti, et à première vue il est difficile de comprendre ce qui les retient aussi longtemps. Il s’agit en fait d’une maladie terriblement contagieuse, et qui frappe sans prévenir : le virus d’Haïti. Un des modes de transmission privilégié de ce virus est la soirée Konpa. Le Konpa est une sorte de zouk très lent. C’est la musique typique d’Haïti. A l’instar des autres danses latines, tout est dans la hanche. Les plus brillants représentants de ce style sont Djakout Mizik, Mass Konpa, Kreyol la… Il est difficile à l’auditeur non averti de ne pas se laisser gagner peu à peu par le rythme. La cadence lancinante envahit progressivement le corps, d’abord par les jambes puis remonte doucement jusqu’au cerveau. L’individu atteint réalise alors qu’il est en train de se balancer, mais il est déjà trop tard, le mal est fait, le virus a entamé sa lente incubation.

Le corps inhabitué de nos amis ne résistera pas bien longtemps aux rythmes infernaux de Djakout Mizik. Pris de fièvre, ils sautent avec la foule, crient, dansent, chantent. Puis la température rechute d’un coup : une panne d’électricité met fin prématurément au concert et la foule dépitée est obligée de quitter l’esplanade. Mais il est trop tard, le mal est fait, la maladie est en eux. Il n’y a pas de sérum, pas de vaccin et la crise de fièvre peut frapper à tout moment…

Remis de ces émotions, nos amis retournent au travail avec enthousiasme. Un petit plaisantin vient chaparder le transformateur de leur ‘Kay’, ce qui les prive d’électricité et d’eau pour une semaine. Ils redécouvrent les plaisirs d’une vie simple et naturelle en plein cœur de la grande métropole. Mais Fabiàn et Julien ne sont pas en reste : cette période d’apparente oisiveté n’est en fait qu’une phase de préparation à la plus grande expédition jamais tentée pas nos héros en Haïti : le Furcy-Seguin-Furcy (1800m d'altitude environ). Le beau Louis-Marie que nous vous avions présenté précédemment avait ouvert la voie du Furcy-Seguin. La folle équipée 100% GRET se lance donc à l’assaut de la montagne haïtienne. Les courageux ‘Cabrits intrépides’ répondent au nom de Mathieu Maurette (dont la devise : ‘rien ne Maurette !’ résume toute la psychologie…), Flo (l’amie de Monsieur), Blandine (la colloc) et bien évidement nos deux compères. Arrivés vendredi au soir, nos amis prennent des forces en s’envoyant une tartiflette dans le chalet de Gérard, volontaire français qui œuvre au reboisement de la zone de Furcy. Il fait frais, presque froid, douce sensation oubliée depuis belle lurette. Le lendemain, lever aux aurores, l’aventure commence.

La marche est longue mais magnifique, le virus d’Haïti refait des petites poussées au détour du sentier tortueux. Le paysage est grandiose, laissons les photos parler d’elles mêmes. Le trafic humain (entièrement à pied) sur la route reliant Furcy à Seguin est impressionnant, beaucoup de monde emprunte cette route de montagne. Les mamas gravissent à l’aise les pentes, malgré les kilos de légumes qu’elles portent sur la tête. Tout les cinq mètres, les autochtones invitent nos à amis à une modeste coopération financière, mais s’acquittent tout de même d’un petit ‘bonjou’ tout mignon qui met du baume au cœur. Il faudra cinq heures environ pour rallier la forêt de pins. Improbable forêt, au sommet d’un col qui rappelle plus les landes françaises que la côte tropicale haïtienne. Encore une heure de traversée à travers la forêt et ils parviennent à l’auberge de la visite, où ils sont attendus. Un bon repas ainsi qu’une bonne douche chaude les attendent. Ils gagnent leur tente de bonne heure, et s’endorment tôt afin de reconstituer les forces nécessaires au retour.

Après un bon petit déjeuner, ils prennent la route avec l’idée de réaliser un record : passer sous la barre des cinq heures. Ils retraversent la mystique forêt des pins, certainement un lieu de pratiques vaudous d’après Mathieu. La descente vertigineuse commence alors. Les petits ‘cabrits intrépides’ se lancent à tout allure dans la pente, sous les regards désabusés des Haïtiens qui ont fini de les prendre pour des fous. Blandine à l’arrière tente de recomposer sa semelle. En effet, petit détail tragico-comique du week-end, ses chaussures de marche ont entamé un processus d’autodestruction spontanée inexplicable, une sorte de ‘lèpre’ des chaussures qui entraîne la désintégration progressive de ses semelles. Mais cette petite contrariété ne l’empêchera pas de finir la marche et à la force des mollets, elle avale courageusement les kilomètres de montée abrupte.

5h30, c’est le temps à l’arrivée, record battu si l’on retranche le temps passé pour le déjeuner. Un nouvel exploit à mettre au compte des ‘cabrits intrépides’. Cette petite mise en jambe devrait prochainement les conduire à l’ascension du Pic de la Selle, plus haut sommet de l’île (2800 m quand même).

Après ce bon défouloir et pleins d’hématocrites, nos amis peuvent reprendre la semaine en toute sérénité. Quelle nouvelle aventure incroyable les attend ? Vous le saurez en le lisant le prochain épisode des AVENTURES DE FABIAN ET JULIEN EN HAITI !

4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Quel récit extraordinaire ! on en redemande ! vous auriez même dû faire comme George Lucas, commencer par l'Episode IV, ça aurait mis du piment...

On ne parle que de vous en France, la Patrie des Dieux est fière de vous ! Louis-Marie est même venu enrichir l'"Encyclopédie des Etres Mythiques et Fantasmagoriques", de Léon Duguerne, fameux anthropologue et spécialiste de mythologie gréco-latine. A-t-il trouvé le moyen de venir à bout du Pic de la Selle sans eau ni nourriture, le corps recouvert de sangsues ?

Et on espère que vous trouverez le slip de Mick avant votre retour ;-) Un retour de nos héros sans relique ruinerait à coup sûr le fol espoir entrevu grâce à eux au 2ème trimestre sur le moral de ménages selon l'Institut TNS-Sofres.

On compte sur vous !

4:50 PM  
Anonymous Anonyme said...

Bravo, houra et chapeau melon bas!

Grosses bises à Miquai.

4:32 AM  
Anonymous Anonyme said...

Bravo, hourra et chapeau-melon bas!

La bise à Miquai.

4:33 AM  
Anonymous Anonyme said...

Waw trop cool !!
Bon on a pas eu le courage d'aller jusqu'au bout mais on en a eu assez pour avoir la nostalgie des blagues de malandrin, on (enfin surtout elle) veut bien les coordonnees de louis-marie qui a l'air d'un bon coup malgré son apparente betise (oui, il est jaloux),
En vous souhaitant tout le meilleur et un peu du pire, essaie de pas te faire kidnapper, nous t'embrassons tendrement

11:46 AM  

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