mardi, juin 27, 2006

Le quartier de Jalousie

Perché sur les collines qui entourent Port-au-Prince. Posted by Picasa

Match Brésil-Japon

Les "fanatiques" bravent la pluie pour voir le Brésil triompher. Posted by Picasa

Quelques Camperrinois



 Posted by Picasa

Le gardien de Saut-Mathurine

 Posted by Picasa

La cascade de Saut-Mathurine

Une belle cascade près de Camp-Perrin Posted by Picasa
Taïno Beach, Haïti Posted by Picasa

Nouvelles du front episode I

Salut les castors à poil dur,

Ici Port-au-Prince, 02h21 GMT, (PAP 22h19, Chihuahua 20h21,Tanger/Casa/Dédou/Bam 02h21, HCMV 09h19, Canton 10h19). La température extérieure est d’environ 35°C et le taux d’humidité est terriblement élevé.Nos deux compères, Julien C. et Fabiàn H. vivent les premiers instants d’une aventure qui marquera à jamais leur vie. Mais pour l’heure, ils n’en saventencore rien.

Tout commence un samedi 3 juin 2006, sur le tarmac de Las Americas, aéroport de Santo Domingo, République Dominicaine. Trois petites minutes sur la terre d’Hispaniola auront suffit à déclencher le processus de sudation. La chaleur envahit les corps chétifs accoutumés à la grisaille parisienne. Passons la sortie de l’aéroport et la traversée périlleuse de Saint-Domingue en taxi. Le chauffeur slalome, conduit au milieu de la route à des vitesses hallucinantes. Mais nos amis sont rassurés par l’aiguille du compteur quiaffiche « zéro », mesure de précaution pour ne pas effrayer les touristes. Arrivée à l’hôtel, un cadre charmant dans une ancienne maison coloniale. Nos amis tentent une sortie en ville. Pas folichon, ils rentrent se coucher cardemain, c’est une autre histoire.
Lever aux aurores, jet lag oblige. Un délicieux petit déjeuner attend lesdeux étudiants : goyave, papaye, ananas, fruit de la passion. Voilà unappétissant aperçu de leur environnement. Puis petite promenade dans lesrues de Santo Domingo, ville qui semble sans grand intérêt. Oh ! mais c’estdéjà l’heure de filer ! nos amis se rendent à la gare routière pour yprendre l’unique bus quotidien en direction de Port au Prince. A peine 300kilomètres, mais 8h de trajet, traversée de la frontière incluse. Heureusement, la distraction est de mise dans les bus de Caribe Tour. La compagnie passe en continu des films d’une médiocrité rare. Au bout de cinq heures, le bus est totalement abruti. Nos amis ne peuvent même plus échanger une parole sensée, comme anesthésiés du cerveau. La jeune hôtesse, haute en croupe, tente tant bien que mal de servir les passagers, se livrant à de véritables prouesses d’équilibriste.
A la fenêtre, défilent les taudis aux toits de tôles. Encore deux longues heures, et puis voila enfin la frontière. Le douanier semble assez stupéfaitque des blancs puissent venir en Haïti. Enfin après l’avoir rassuré surleurs conditions d’hébergement, nos amis sont invités à passer le portillon,et à déposer la somme de 26$ US, matérialisant leur entrée sur la terrehaïtienne.
Le bus se faufile à toute allure dans les bidonvilles de Port-au-Prince. Arrivée à la gare de Pétion Ville, périphérie de Port au Prince. LeDû Anacacis les attend de pied ferme depuis une heure ou deux peut être. L’arrivée du bus est annoncée aux trois heures près, de quoi désespérer leplus informel des suisses. Mais LeDû n’est pas seul à attendre noscompagnons. Une pluie torrentielle accueille Julien et Fabiàn avec vigueur. Heureusement la voiture n’est pas loin.
LeDû, qui n’est autre que leur responsable de stage, conduit les deuxisuriens à leur habitation provisoire. La maison se situe en plein centre dePort au Prince, à deux minutes du célèbre champ de mars, terrain d’exerciceen conditions réelles de la police d’Aristide. L’AFVP a fait l’acquisitionde cette « kay » pour assurer l’hébergement de ses volontaires. La maisonest immense et plutôt bien équipée. La contrepartie est la forte pollutionsonore que nos amis ne tarderont pas à expérimenter. C’est bercés par lebruit de la rue que nos deux amis s’endorment doucement. Ils serontgentiment réveillés par le coq du voisin, vers trois du matin. Incroyablesensation champêtre qui fait perdre à nos amis tous leurs repères. Ilsapprennent au passage que les coqs sont susceptibles de chanter à touteheure du jour et de la nuit.
Le lendemain, première journée de stage, direct. L’équipe du Gret Haïti estsympa, ça s’annonce bien. Fin de la journée. Petite balade près de lamaison, pas grand chose à voir.
Le lendemain, visite de deux quartiers sur lesquels porte l’étude. C’est lechoc. Nos deux éphèbes n’en reviennent pas du contraste avec le centre deport au prince. Les quarties sont édifiés sur le flanc des « mornes »,c'est-à-dire des montagnes qui entourent port au prince. Des petites pistesde terre accidentées serpentent entre les petites maisons. Sur le côté, dansles ravines, des quantités impressionnantes d’immondices s’amoncèlent. Unmince filet d’eau noirâtre s’écoule entre les sacs plastiques. Quelquesporcs se font un petit festin et se vautrent avec délectation dans le petitruisseau d’eaux noires. Juju et Fabinours rencontrent les présidents des comités de l’eau. Une visite riche en enseignement. Un des présidents se prénomme « Chirac », ce qui déclenche l’hilarité de nos amis.
Les autres jours de stage seront ponctués par des visites de terrain du même type. Les deux compères prennent peu à peu leurs marques, découvrent les joies de se faire arnaquer par les marchands, de faire la queue pendant des heures pour retirer de l’argent. Ils découvrent également avec stupéfaction que Nana Mouskouri et Michel Delpech sont toujours à la mode ici . Comme debons petits garçons curieux et férus d'inter-culturalisme, ils prennent la résolution d’apprendre à parler céole. En fait, cela deviendra vite une question de survie. Le créole, c’est plutôt marrant. Ca s’écrit un peu comme le langage texto, mais on comprend rien quand les gens parlent. Voici un petit exemple de conversation classique :

« -Bonjou, kijan ou ye ? w anfòm ?
- sa va, m anfòm. E ou menm ?
- sa va. Ki lè li ye ?
- li ye 2 lè.
- Bien sa, travai li fini »

(traduction :
« -Bonjour, comment allez vous cher ami ? Etes vous en bon état de forme physique ?
-Cela va pour le mieux, ma condition physique est excellente. Je vousretourne la question très cher.
-En ce qui me concerne, cela va plutôt bien. Je me demandais si par hasard vous pourriez m’indiquer l’heure…
- Bien sûr mon cher : il est deux heures de l’après-midi.
- Quelle excellente nouvelle, il se trouve donc que j’ai fini ma journée de labeur. »)

Jusque là tout va bien. Mais un événement majeur vient perturber la routine paisible de nos amis. C’est alors que Fabian et Julien assistent à uncurieux phénomène physique qui secoue l’île tous les quatre ans et atteint les 9/10eme de la population. Par période de quatre ans, les Haïtiens subissent une étrange mutation qui les change en Brésiliens. Haïti devient une enclave francophone en plein Brésil l’espace d’un mois…La coupe du monde2006 commence ! Fabichou qui avait peur de ne pouvoir suivre cet événement mondial pour cause d’incompatibilité avec ses heures de travail se trouve vite soulagé : au bureau tout le monde suit l’événement avec ferveur. Le planning des matchs dans la salle de réunion permet d’adapter le planning de travail en conséquence.
Arrive le week-end. Nos amis, quelques peu fatigués par l’agitation de la capitale acceptent avec enthousiasme la proposition d’un de leurs nouveaux amis expatriés, volontaire du progrès (tout un programme). Ils partent à la campagne, dans les mornes haïtiennes à quelque cent kilomètre de port au prince, et gagnent lepetit village de Vallu. Ils profitent de la fraîcheur qui y règne. Une petite sieste dans le hamac, un petit match de foot, un petit barbecue, c’est le paradis. Ils sont rejoints par d’autres volontaires et gagnent laplage. Mer turquoise, poissons multicolores, sable fin… On comprend lemanque d’enthousiasme de nos amis lorsqu’ils doivent regagner Port au Prince.
Mais laissons là nos deux petits stagiaires, ils ont encore beaucoup de choses à découvrir. Demain est un autre jour…